Quel rôle les parlementaires peuvent-elles jouer dans l’accès aux nouvelles technologies des femmes et des filles ? 

Le Réseau des femmes parlementaires de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie a organisé un atelier portant sur « le rôle des parlementaires pour inciter les femmes et les filles à l’utilisation des nouvelles technologies » au siège des Nations unies, à New York, le 8 mars 2023, date de la Journée internationale des droits des femmes. Plusieurs participantes des mondes parlementaire, académique, estudiantin et associatif étaient présentes. La Secrétaire d’État à la Région de Bruxelles-Capitale, Nawal Ben Hamou, s’est également jointe à cet atelier.

La présidente du Réseau des femmes parlementaires, Chantal Soucy (députée, Québec), a présenté le rôle de l’APF et du Réseau pour interpeller les ministres compétents afin qu’ils mettent en place des dispositifs permettant d’accroitre les filles dans les filière des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). Elle a présenté le rapport de Françoise Schepmans (députée, Belgique) portant sur la thématique éponyme, dans lequel il est indiqué que seulement 35 % des filles se dirigent vers ces matières, avec des variations importantes d’un pays à l’autre : si seulement 10 % d’entre elles accèdent au marché du travail, c’est que d’autres facteurs déterminent les discriminations envers les femmes et les filles :

• Au niveau individuel, les filles sont encore trop souvent élevées en croyant que les filières scientifiques sont masculines et que les aptitudes féminines en ce domaine sont intrinsèquement inférieures à celles des hommes.
•  Au niveau familial, les convictions des parents et leurs attentes sont également influencées par les stéréotypes de genres, susceptibles, même inconsciemment, de causer des différences de traitement entre les enfants des deux genres.
• Au niveau scolaire, les systèmes éducatifs et l’école jouent un rôle central pour ce qui est de déterminer l’intérêt porté par les filles aux matières scientifiques.
• Au niveau sociétal, enfin, la représentation des femmes par les médias et le statut de l’égalité des genres dans la société exercent également une influence notable.

La présidente du Réseau a rappelé que, le 2 mars 2023, à Rabat (Maroc), un projet de résolution sur cette thématique a été voté, à l’unanimité, par les membres du Réseau des femmes parlementaires.
Dans un second temps, Nantarie Toure Aboa (députée, Côte d’Ivoire) a présenté la réalité de l’accès aux filières STIM dans l’espace francophone africain. Le constat, là encore, est très contrasté d’un pays à l’autre. Son intervention s’est focalisée sur le choix des autorités politiques de permettre aux filles d’accéder à ces études. Ainsi, si l’Algérie et le Bénin comptabilisent des records mondiaux en pourcentage d’étudiantes dans les filières d’ingénierie et de technologie, ce n’est pas le cas de plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne, où le choix politique ne s’est pas opéré, ou à moindre mesure, pour créer des écoles formant les filles à ces matières.

Enfin, l’atelier a été enrichi par les récits d’Ibrahim Ouassari et de Sara Oulade, respectivement fondateur et responsable communication de MolenGeek. Cette association s’est donné pour défi d’offrir une seconde chance de formation aux jeunes, aux séniors et aux femmes de se former aux nouvelles technologies afin d’intégrer le marché du travail dans ce secteur, qui offre de nombreuses perspectives d’emploi. En quelques années seulement, cette initiative s’est démultipliée en Belgique, dans le reste de l’Europe et au Maroc. Les chiffres, rien que pour l’antenne molenbeekoise, démontrent que 47,5 % de femmes sont formées à MolenGeek. Parmi les femmes et filles formées, nous retrouvons 50 % de femmes en cybersécurité ou 60 % en webmaster. Le succès pour attirer les femmes dans ces entreprises repose aussi sur une communication réalisée par des femmes impliquées dans la structure, le rôle des formatrice et le contexte inclusif, grâce à des sessions mixtes.