Un parlement sensible au genre - Séminaire parlementaire au Kosovo
Le Réseau des femmes parlementaires de l’APF, avec le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie, a organisé le tout premier séminaire parlementaire à Pristina depuis que la section kosovare est devenue membre associé de l’APF. Une délégation de parlementaires présidée par Chantal Soucy, Présidente du Réseau des femmes parlementaires de l’APF, a été accueillie par le Président du Parlement kosovar, Glauk Konjufca.
Ce séminaire avait pour but de partager les bonnes pratiques d’autres parlements de l’espace francophone sur les moyens qui permettent de rendre un parlement sensible au genre. Premier constat de la délégation de l’APF : la situation positive du Parlement kosovar, qui suit une courbe positive. Les dernières élections parlementaires, en octobre 2021, ont en effet permis de faire passer le taux de femmes parlementaires à 36 %, et une femme a été portée à la présidence du groupe du parti politique majoritaire.
Pour autant, les députées Chantal Soucy, Nadia El Yousfi (Belgique) et Nantarie Toure Aboa (Côte d’Ivoire) ont rappelé l’important de dynamiser le Réseau des femmes parlementaires du Parlement kosovar pour mieux faire connaître aux autorités les difficultés spécifiques rencontrées par les femmes et aux filles de leur pays. Ce réseau transpartisan, qui a pour objectif de renforcer le poids numéraire des femmes sur des questions stratégiques liées aux droits des femmes dans la société kosovare, doit fonctionner avec dynamisme, afin d’accroitre le nombre des femmes parmi les postes dirigeants, tant dans les instances administratives du Parlement qu’au niveau politique. À ce sujet, la cheffe du bureau d’ONU Femmes, Vlora Nushi, a rappelé le travail mené par son organisation pour activer les travaux de ce Réseau.
La députée Michèle Peyron (France) a en outre rappelé l’engagement de son pays dans le développement de la diplomatie féministe, comme instrument politique, gouvernemental comme parlementaire, ayant vocation de prioriser la question des droits des femmes dans les politiques internationales. Lidija Tasevska (Macédoine du Nord), quant à elle, a rappelé que le Parlement de son pays a atteint la zone paritaire au niveau politique mais aussi administratif.
Deux autres thématiques ont été abordées durant ce séminaire.
Le premier portait sur le concept d’un parlement HEFORSHE (EuxpourElles, en français), dont le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a reçu le label en 2017. Nadia El Yousfi a présenté ce concept ainsi que les actions qui permettent de trouver un consensus afin que les hommes parlementaires se joignent aux femmes parlementaires sur toute une série de questions liées aux droits des femmes et des filles.
Le second thème portait sur la mise en place d’une politique visant à lutter contre le harcèlement au Parlement. La Présidente Chantal Soucy a rappelé l’importance de lutter contre les comportements qui rendent pénibles les conditions de travail des femmes parlementaires et de l’administration. À ce sujet, elle a précisé que, depuis l’instauration d’une telle politique à l’Assemblée nationale du Québec, le climat et les échanges entre collègues sont plus sereins.
Les deux jeunes kosovares du Parlement francophones des jeunes (Mihane Beqiri et Desantila Muriqi), qui participaient à ce séminaire, ont rappelé qu’en septembre 2021, le premier parlement francophone des jeunes au Parlement du Kosovo s’était emparé de cette thématique pour, in fine, accoucher d’une proposition de résolution visant à lutter contre le harcèlement, en la présence de Nadia El Yousfi.
Visite de terrain
Le 14 mai 2023, la délégation parlementaire s’est rendue dans la région de la Drenica, à 40 kilomètres au sud de Prishtina, pour visiter le Centre pour la promotion des droits des femmes de Glogovce, présidé par Kadire Tahiraj. Cet établissement a pour objectif d’accompagner les femmes qui furent victimes de violences sexuelles lors du dernier conflit. Les témoignages et enseignements recueillis permettront de compléter le rapport de Chantal Soucy portant sur l’accompagnement des victimes de violences pendant les conflits armés. Il a fallu attendre que le Gouvernement kosovar prenne la compétence exclusive de la justice pour que le statut des femmes ayant été victimes de violences sexuelles soit reconnu par l’État.
À la suite de cette visite, la délégation parlementaire de l’APF a été reçue par la Présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, qui a énuméré une série d’initiatives prise par son cabinet pour renforcer la législation en faveur de l’égalité femmes-hommes, notamment sur base de la Convention d’Istanbul , que le Kosovo a ratifié et inscrit dans sa Constitution en septembre 2020. Chantal Soucy a salué les efforts du Kosovo pour prendre en considération les femmes victimes de violences domestiques. Elle a enfin formulé le souhait que le statut de victime de guerre soit octroyé à toutes les femmes ayant subi des violences sexuelles durant le conflit de 1998-99.