Des parlementaires de la Région Afrique se rencontrent pour discuter de leur rôle dans le soutien au relèvement de la pandémie du COVID-19
À un an du début de la pandémie du COVID-19, des parlementaires de différents pays africains d’expression française se sont réunis pour un dialogue virtuel sur la sécurité alimentaire et la nutrition au temps du COVID-19. Le dialogue, le deuxième d’une série organisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et soutenu par l’Agence Espagnole de Coopération Internationale au développement (AECID), a offert aux parlementaires un forum pour échanger leurs expériences sur les défis et les opportunités pour la sécurité alimentaire, la nutrition et le droit à l’alimentation dans les phases de confinement et de relèvement de la pandémie.
Le dialogue, organisé lors de la Semaine de la langue française et de la francophonie, a porté sur les expériences des pays africains francophones. Plusieurs membres de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie y ont participé, avec des parlementaires du Bénin, du Cameroun, du Gabon, du Maroc, du Rwanda et du Sénégal qui ont partagé des exemples des mesures prises par leurs pays pour garantir la sécurité alimentaire pendant la pandémie et discuté des domaines où, en tant que parlementaires, ils pourraient faire la différence pour la reconstruction et la relance après la crise COVID-19.
Un engagement et un soutien continus ã ce processus ont été exprimés par Carles Puigmartí Borrel, Chef du Bureau Technique de Coopération de la AECID auprès de la CEDEAO, qui a rappelé que la promotion de la collaboration interparlementaire sur les questions mondiales a historiquement été une priorité stratégique pour l’agence.
« Tout au long de la pandémie, assurer la sécurité alimentaire et la nutrition est resté une priorité de l’APF », a déclaré Emmanuel Maury, Secrétaire général administratif de l’organisation, lors de son discours d’ouverture.
L’APF est une organisation interparlementaire qui représente une communauté mondiale de 90 parlements et organisations interparlementaires. Les députés sont issus des parlements nationaux et régionaux de la Francophonie, encourageant la coopération et une plus grande solidarité entre les parlements des communautés francophones, en particulier dans les parlements des pays du Sud. La FAO et l’APF travaillent en partenariat depuis 2020 sur un certain nombre de sujets d’intérêt commun, notamment l’agroécologie, la bioéconomie, la réduction du gaspillage alimentaire, l’accès à la terre, l’égalité des sexes et l’innovation numérique dans l’agriculture.
Les participant(e)s ont abordé un certain nombre de ces sujets en discutant des défis auxquels ils sont confrontés pour promouvoir la sécurité alimentaire, la nutrition et le droit à l’alimentation dans le contexte de la pandémie COVID-19. Parmi les principaux défis, identifiés comme essentiels au relèvement après la pandémie, l’importance des cadres juridiques, la valeur du travail en partenariat et la nécessité de donner la priorité aux femmes - non seulement en tant que l’un des groupes les plus vulnérables face à la pandémie, mais en tant que groupe qui est d’une importance capitale pour la sécurité alimentaire des communautés.
La pandémie actuelle a eu un impact disproportionné - économiquement et socialement - sur les femmes rurales, mais même avant la pandémie, les données de L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2020 démontraient que les femmes du monde entier étaient plus susceptibles que les hommes de souffrir d’insécurité alimentaire modérée ou sévère. Les femmes en Afrique et en Amérique latine, en particulier, étaient plus susceptibles que les hommes de rencontrer des difficultés d’accès à la nourriture, l’écart entre les genres se creusant dans ces régions entre 2018 et 2019. Dans un continent où l’agriculture familiale est au cœur de l’agriculture, et où les femmes jouent un rôle central dans la production agricole et la sécurité alimentaire de leurs communautés, les participants ont convenu qu’il est important de soutenir les femmes pendant la phase de relèvement, en particulier les agricultrices.
De nombreux participants ont également souligné le rôle que les alliances parlementaires pourraient jouer pour aider les pays à se remettre des effets du COVID-19. Dans ses remarques liminaires, l’Hon. Angélique Ngoma, députée de l’Assemblée nationale du Gabon et Présidente de la Commission de coopération et du développement de l’APF, a évoqué les alliances comme un moteur clé de changement aux niveaux national et international. L’hon. Mohammed Touimi, Vice-Président de la Chambre des Députés du Maroc, en convient, affirmant que les parlementaires sont appelés à jouer un rôle central pour garantir que la sécurité alimentaire et la nutrition soient prioritaires dans les politiques publiques et les lois des pays d’Afrique.
Au cours de la discussion en plénière, les parlementaires ont partagé des exemples de bonnes pratiques qui ont aidé leur propre pays à faire face à la pandémie : de l’allocation de ressources dans le budget national pour la modernisation et la mécanisation de l’agriculture au Bénin à la distribution de nourriture aux secteurs les plus vulnérables du Rwanda. D’autres ont proposé des solutions qui pourraient aider les pays africains à se remettre de la pandémie - L’hon. Lydienne Epoubé, vice-présidente du Réseau des femmes parlementaires de l’APF et députée de la République du Cameroun, a appelé à une plus grande intégration entre les secteurs économiques, tandis que l’hon. Eugene Barikana, député du Parlement du Rwanda, a souligné l’importance de renforcer la collaboration interinstitutionnelle et intersectorielle. L’hon. Nene Mériem Kane, membre du Réseau des femmes parlementaires de l’APF (Sénégal) a souligné la nécessité d’une plus grande attention et d’un plaidoyer renforcé pour le secteur agricole. De nombreux participants ont convenu que le partage des connaissances permettra une plus rapide sortie de la pandémie et fournira une opportunité pour une reprise plus forte.
La discussion a également porté sur l’importance des cadres juridiques, comme moyen non seulement de limiter l’impact de la pandémie sur la sécurité alimentaire et la nutrition, mais aussi de promouvoir la sécurité alimentaire, prévenir les pertes et gaspillages alimentaires et faciliter l’accès à une alimentation saine pour les secteurs de population les plus vulnérables. La FAO a élaboré une série de notes d’orientation juridique, qui sont mises gratuitement à la disposition des législateurs et des décideurs.
Clôturant cet échange, Marcela Villarreal, Directrice de la Division des Partenariats et de la Collaboration au sein du Système des Nations Unies de la FAO, a rappelé que la pandémie actuelle se nourrit d’inégalités. Tenant compte de la vulnérabilité qui augmente, il est essentiel que les parlementaires utilisent leurs prérogatives législatives pour faire face aux impacts de la pandémie. En travaillant à améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition et à promouvoir le droit à l’alimentation des secteurs les plus vulnérables, les parlementaires contribueront non seulement à un meilleur relèvement du COVID-19, mais aussi à la paix et à la stabilité.
Références et lectures complémentaires sur le sujet disponibles ici